Les Cavaliers
Roman d’aventure consacré à l’Afghanistan et au jeu du bouzkachi, « Les Cavaliers » fut publié en 1967. Cette magnifique fresque romanesque dont l’action se déroule dans les années 1950, une véritable épopée, impose une galerie de personnages charismatiques et des paysages à couper le souffle, admirablement décrits par l’auteur, sans oublier la place prépondérante des chevaux qui dans sa globalité occupe le rôle d’un personnage à part entière. Le personnage de Guardi Guedj qui ne pèse pas plus qu’une caille occupe les premières pages et revient tout au long du roman comme un repère : son grand âge, sa sagesse et sa mémoire en ont fait l’Aïeul de tout le monde. Nous sommes alors au cœur du massif auguste et monstrueux de l’Hindou Kouch, à la passe de Chibar située à 3500 m d’altitude, seule trouée qui permet le passage entre le nord et le sud du pays et permet le trafic. Est annoncée la tenue du premier bouzkachi organisé par le roi Zaher Chah à Bagrami près de Kaboul. Le bouzkachi est un jeu équestre dont l’origine remonte au temps de Gengis Khan. S’il n’est pas toujours mortel, il est cependant dangereux. Les préparatifs pour le bouzkachi du roi débutent dans la province steppeuse de Maïmana et nous font connaître le célèbre Toursène, vieux cavalier tchopendoz, chef des écuries qui fournit le maître de la province Osman Bay en chevaux de grande qualité. Toursène est un personnage exigeant, taciturne, cruel parfois avec son batcha (serviteur) Rahim, il réserve le meilleur cheval Jehol pour son fils Ouroz. Si Ouroz gagne le bouzkachi, Jehol sera à lui. Sa volonté de gloire est le moteur de sa soif de victoire. Il en a besoin autant que du pain et de l’eau. Il ne joue par pour jouer, il joue pour gagner. Ce premier bouzkachi est un grand moment et la description que Kessel en fait est somptueuse et haletante. Rien ne se passe comme prévu pour Toursène et Ouroz. Le retour de Ouroz et Mokkhi son palefrenier vers Maïmana est un autre moment majeur du roman avec des rencontres, des pièges, des trahisons. Une véritable marche en enfer. Un souffle épique anime toutes les pages magnifiques de ce roman au style éblouissant et coloré. « De la mer Caspienne jusqu’aux passes de l’Inde, et de siècle en siècle, ces vers illustres on les chantait, on les récitait sous les arches des bazars comme dans les tournois subtils des lettrés, au foyer des familles, autour des feux de camp. Ils étaient le patrimoine commun du savant, du chanteur ambulant, du berger le plus fruste. Et des femmes, au creux des hameaux perdus dans les montagnes, savaient par cœur des épopées immenses. » Au pays du bouzkachi, le cheval est roi et « un beau cheval, comme une belle femme, appartient de droit, à celui qui le mieux sait l’aimer. » Une aventure humaine belle est féroce, avec des personnages fiers aux traditions ancestrales violentes et ne faisant aucune concession, aventure troublée par l’arrivée de Zéré, une femme cauteleuse et envieuse, qui rend les hommes fous. Un des chefs d’œuvre de Joseph Kessel qui nous fait découvrir un Afghanistan pittoresque et paisible que l’auteur parcourut en 1956 et qui n’existe plus.
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Joseph Kessel was a French journalist and novelist. He was born in Villa Clara, Entre Ríos, Argentina, because of the constant journeys of his father, a Lithuanian doctor of Jewish origin. Kessel lived the first years of his childhood in Orenburg, Russia, before the family moved to France. He studied in Nice and Paris, and took part in the First World War as an aviator. |