Tsingy : Forêt de Pierre - Madagascar
David Wolozan et Olivier Grunewald ont exploré le ventre de Madagascar qui recèle les Tsingy, une forêt de pierres calcaires façonnées par l’érosion. L’un est passionné de spéléologie et éditeur à ses heures, l’autre est un photographe en quête des contrées où la nature conserve tous ses droits. Les Tsingy jalonnent le parc national de Bemaraha, classé au patrimoine mondial de l’humanité. Quelle est l’histoire des Tsingy ? Il était une fois un plateau recouvert par la mer. Puis l’eau se retire, le calcaire se fissure et dessine des canyons. L’acidité de la pluie ronge la roche et forme des arêtes vertigineuses : les Tsingy sont nés des entrailles de la terre. Ce beau livre nous lance par procuration à l’assaut des parois rocheuses. Il nous entraîne au cœur d’une végétation luxuriante et jusque dans les profondeurs abyssales des grottes qui n’ont sans doute jamais vu la lumière. Lames acérées et précipices sans fond se disputent l’espace. On pourrait croire inhospitalières ces contrées que l’homme ne saurait apprivoiser, pourtant on découvre que la vie se faufile partout. Dans ce sanctuaire de la nature où nulle âme humaine n’est recensée, dans les plis et replis des canyons et des cavités foisonnent les espèces animales et végétales. Ici un lémurien s’aventure d’un pas feutré sur le toit des Tsingy, là un serpent se love autour d’un tronc pour se confondre avec ses lignes tordues. Les clichés, visions d’un autre monde, bénéficient d’un éclairage scientifique sur les secrets de la spéléologie et les rouages de l’écosystème. La typographie des légendes relève de l’exercice de style : l’éditeur parsème le texte de mots en italique et joue avec la taille de caractères, transcrivant par les lettres sur la feuille blanche le relief déchiqueté d’un archipel de pierre. Paysages de désolation tout autant que paradis perdu, les Tsingy nous donnent le vertige et nous rappelle à notre petitesse dans un espace dont la faune, la flore et les dimensions nous échappent. Marie Borgers
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Situé dans l'ouest de Madagascar, le parc national du Bemaraha a été classé en 1990 au patrimoine mondial de l'humanité. Et pour cause... 725 km² de paysages à couper le souffle avec cette incroyable forêt de pierre : les Tsingy. Du malgache "mitsingitsigina" qui peut se traduire par "marcher sur la pointe des pieds", le mot Tsingy est désormais passé dans le langage courant pour caractériser ce relief si particulier. S'il existe de par le monde de rares endroits où l'érosion a façonné le calcaire de cette façon, nulle part ailleurs les conditions furent réunies pour atteindre une telle ampleur dans la finesse et la hauteur des lames. Derrière cette austérité apparente se cache un monde extraordinaire de canyons forestiers, de grottes humides, de lapiaz brûlants peuplé de plantes et d'animaux fondamentalement différents bien que séparés de quelques mètres seulement. |